Voyage de la paix à Auschwitz-Birkenau le 4 février 2024, avec 180 femmes réunies par l’association « Langage de femmes »

Un voyage inoubliable où les mots paraissent soudain vains et dérisoires, devant la désolation et l’abomination de la barbarie nazie.

Nous avons marché longtemps, sous la pluie et le froid et nous avons compris ce que ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants avaient vécu et ressenti dans ces lieux mortifères où l’humanité avait disparu.

Un grand merci à Candy SROUR, à Suzanne NAKACHE, Anne-Marie REVCOLEVSCHI et Farida GUEROULD d’avoir organisé ce voyage et créé cette chaine de fraternité pour que là où l’indIcible s’est produit, la fraternité reprenne toute sa place.

Au moment du recueillement, paroles de Fadila Mehal, présidente des Mariannes de la diversité :

Chères amies, 

Avec les Marianne de la diversité, Fatima Massau et Zoulikha Labriki, je suis ici, à vos côtés, pour me souvenir.

Je suis ici à vos côtés, au cœur de l’Europe, qui a connu tant de désordres pour ne jamais oublier qu’il y a 85 ans, la barbarie nazie a commis un crime indicible, inexpiable, non pas contre des hommes et des femmes mais contre l’humanité en exterminant de façon systématique 6 millions de femmes, d’hommes et d’enfants, parce que juifs. 

Leurs visages nous hantent mais leurs mémoires restent intactes. « L’enfer, disait Primo Lévi, c’est là où il n’y a pas de pourquoi ».

Je suis ici à Auschwitz, avec vous, pour lutter contre le poison du relativisme et du négationnisme qui est toujours tapi et telle une araignée cherche à tisser sa toile dans l’esprit de nos enfants.

Aujourd’hui, 79 ans après la libération des camps, je suis venue à Auschwitz-Birkenau pour me recueillir et pour vous parler de paix.

La paix en Europe, alors qu’autour de nous, le bruit des bottes et des canons résonne et nous fait craindre que tout peut recommencer.

La paix aussi dans nos quartiers, alors que les colères grondent, que la peur de l’autre partout se répand et que l’altérité n’est plus ce bien précieux et qu’il faut désormais s’en affranchir.

Alors que les actes antisémites explosent et que les discriminations anti-musulmans ou homophobes minent notre pacte républicain, je suis venue vous parler de paix, de dialogue et de fraternité.

Nous avons cela en commun, nous les femmes qui donnons la vie, nous savons combien elle est précieuse, et qu’il n’y a pas de hiérarchie qu’elle soit juive, chrétienne, musulmane, car chaque vie vaut la peine d’être vécue. 

Nous savons aussi, en tant que femmes que nous sommes toujours en première ligne des conflits et que nous devenons souvent des « butins de guerre » ou des victimes collatérales de la guerre des hommes.

Alors, soyons à la hauteur de l’héritage laissé par ceux qui ont chéri la vie plus que tout et qui ont espéré la fraternité jusqu’au bout du bout de leur effrayant voyage.

Faisons leur la promesse de faire rimer l’altérité avec Humanité.

Soyons les passeuses de l’espérance.