Trois prix d’une valeur de 1000 euros chacun seront accordées le 9 décembre 2023 à trois recherches livrées sous la forme d’un article scientifique susceptible d’être publié dans une revue sur les thématiques « Quartiers populaires, femmes, diversité et laïcité ». Le périmètre de recherche est celui de l’ensemble des sciences humaines et sociales ainsi que les sciences politiques, économiques et juridiques. Cet article, d’un volume de 30.000 signes (espaces compris) sera inédit ou tiré de travaux de recherches effectués ou en cours. Ces prix peuvent être octroyée à tous les chercheurs quel que soit leur statut. Un jury constitué de spécialistes de la thématique se réunira pour délibérer en vue d’attribuer ces trois prix.
Les candidatures devront être adressées sous la forme d’une fiche en remplir accompagnant l’article sur un document pdf avant le jeudi 9 novembre 2023 inclus. Les lauréats seront invités à recevoir leur prix à Paris et participeront à une table ronde autour de leur sujet début 2024.
Thèmes retenus :
– Les questions religieuses et identitaires
– L’orientation scolaire
– La gestion de la diversité dans les médias et l’audiovisuel
– La santé notamment le vieillissement et la contraception
Le/la candidat(e) devra déposer auprès du président du jury avant le 15 juin 2023 son dossier composé d’un CV et d’une présentation du projet de recherche entre 4000 et 5000 signes et du cadre de publication envisagé (maison d’édition, revue ou site internet).
Pas de limite d’âge, obligation d’un rendu du travail en novembre 2023.
La cérémonie de la remise des bourses aura lieu le 9 décembre 2023 au centre Jean Vallès à Paris.
Composition du jury :
Coprésidences : Yvan GASTAUT, maître de conférences à l’université de Nice Sophia Antipolis et Fadila MEHAL, présidente-fondatrice des Marianne de la diversité.
Membres : Jocelyne ADRIAN-MEBTOUL présidente de la commission internationale de la CLEF, Fatima BESNACI-LANCOU, historienne , auteure, Anne-Françoise DEQUIRE, sociologue, maîtresse de conférences à l’Institut Social de Lille ,Emmanuel JOVELIN, professeur de sociologie au CNAM-Paris, Aude RABAUD, sociologue URMIS Paris, Yasmina TOUABIA directrice de Sciences Po Menton, politiste, Catherine WIHTOL de WENDEN, politologue CERI Paris, Piero GALLORO, professeur de sociologie Université de Lorraine.
Universités partenaires :
Université de Nice Côte d’Azur, l’ISL de Lille, CNAM-Paris, URMIS Paris, Sciences Po Menton, Centre Études Relations internationales, Université de Lorraine.
A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ce 25 novembre, notre Présidente Fadila Mehal a publié cette tribune dans le journal Marianne.
Manifestation contre les violences faites aux femmes à Toulouse le 21 novembre 2021. NurPhoto via AFP
En matière de violences faites aux femmes, il y a désormais un avant et un après #Metoo, comme il y a eu par le passé un avant et un après la loi pour l’IVG de Simone Veil. Avec le hashtag #balancetonporc ou #balancetonbar, le féminisme s’est propagé de façon planétaire, prenant le monde à témoin d’une violence exercée contre le deuxième sexe, héritée de siècles de patriarcat. Comme chaque 25 novembre, journée internationale dédiée à ce mal(e?) endémique, en France les études se suivent et apportent leur lot d’interrogations, voire de contradictions.
La dernière en date, commandée à l’Institut CSA par la gynécologue Ghada Hatem de la maison des femmes de Saint-Denis, montre les limites et les paradoxes de ce féminisme offensif et l’ambivalence de ses retombées. Si en 2021 68 % des Français se déclarent féministes (16 points de plus par rapport à 2016) et c’est là une avancée significative, le contrepoint est que pour 70 % d’entre eux, paradoxalement la situation des femmes n’a pas changé ou même s’est dégradée depuis 2016.
Cette étude alourdit le chiffre de 10 % jusqu’alors admis de femmes victimes de violence, pour s’envoler à 56 % des femmes interrogées qui déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel et de viol pour 15 % d’entre elles. Et pourtant l’action gouvernementale en la matière est reconnue unanimement : Grenelle des violences faites aux femmes, numéro vert, modification de la loi, éducation à l’égalité, mesures coercitives ou préventives, la France rattrape peu à peu son retard pour suivre le bon exemple de sa voisine espagnole qui a vu le chiffre des féminicides baisser spectaculairement après une campagne anti-violences très efficace.
Si de nombreuses études ont démontré que les violences anti-femmes sont les mieux partagées quel que soit le milieu social, le territoire, le niveau d’étude ou l’origine, il n’en est pas moins vrai que certaines atteintes sont directement corrélées à des pratiques culturelles ou à l’emprise du religieux. Et les femmes issues de l’immigration en paient un lourd tribut. Entre les crimes d’honneur, les mariages forcés, les excisions et les tabous de la virginité, elles continuent de subir ces violences spécifiques qui s’apparentent à une double peine.
N’est-il pas temps de mettre un coup d’arrêt à ce double asservissement, en tant que femme d’abord (inégalité salariale, plafond de verre) mais aussi en tant que femme issue de l’immigration avec sa cohorte de violences supplémentaires (non-maîtrise de la langue, droit au séjour subordonné aux conjoints violents, etc.) ? Je sais qu’il n’est pas politiquement correct de stigmatiser les hommes issus de l’immigration, eux-mêmes victimes de discrimination et d’exclusion, il reste néanmoins qu’ils peuvent être victimes et bourreaux et cela doit être dénoncé.
De même les femmes handicapées subissent parfois de lourds supplices, comme le montre l’étude réalisée par la sociologue Johanna Dagorn en région Nouvelle Aquitaine qui porte sur le témoignage de 211 victimes. La Secrétaire d’État chargée des handicapés, Sophie Cluzel, a rappelé combien cette situation était prioritaire pour son ministère. Car aux violences sexuelles s’ajoutent pour les handicapées, les maltraitances physiques, verbales, alimentaires, médicamenteuses.
80 % des femmes handicapées, soit quatre femmes handicapées sur cinq sont victimes de violences. Elles se taisent le plus souvent car leur état de dépendance morale ou économique vis-à-vis de leurs agresseurs, la peur de représailles, rend leurs paroles rares voire étouffées. Comme les immigrées, les femmes handicapées restent le point aveugle de #Metoo. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour voir déferler sur les réseaux sociaux, les hashtags qui rendent compte de leurs situations particulières ? #BalancetonMariageforcé, #BalanceTonHandicap.
En France, bien que la situation se soit améliorée au fil des ans, la question des violences faites aux femmes reste d’actualité et bien des bastilles sont encore à prendre. En Europe, depuis 1957 (traité de Rome), l’égalité entre les femmes et les hommes est devenue pour tous les États membres un principe fondamental.
Pourtant aujourd’hui dans certains pays d’Europe, la Pologne ou la Hongrie, les femmes sont de plus en plus dépossédées de leur intégrité physique et voient une brutale remise en cause de leur contraception et de leur droit à l’avortement. En Europe, la tendance ne va pas à une libéralisation des pratiques, à l’image de la Pologne avec une commission européenne impuissante à faire respecter l’IVG, l’Église catholique exerçant une forte influence sur les questions morales et sur la législation.
Tous les droits que l’on croyait acquis peuvent être remis en cause, c’est pourquoi la résistance est de mise et les féministes ne doivent jamais baisser les bras, même en Europe ! Et puis il y a le monde, le reste du monde. L’exemple afghan est terrifiant et limpide à la fois. Les talibans ont fait des femmes leurs cibles car elles représentent pour eux un marqueur civilisationnel. Ils essaient de nous bercer de propos doucereux et certains s’ingénient à nous répéter dans une vision idyllique : « ils ont changé ».
Mais en Afghanistan celles qui y vivent recluses, prises en otage racontent l’enfer des mariages des fillettes avec des vieillards, des viols au sein du mariage, des rapts, laissant épouvante et désolation dans le cœur des femmes. On le voit, le mouvement #Metoo a provoqué une profonde secousse planétaire, éveillant les consciences et libérant la parole de femmes. C’est indéniablement une avancée majeure, mais qui demeure malheureusement une étape dans le long chemin qui reste à parcourir.
À l’approche de ce 25 novembre, il est important de se rappeler que bien des femmes de par le monde subissent encore des violences psychologiques et physiques, certaines en meurent, et que le combat doit être poursuivi, par les réseaux sociaux mais aussi par des mesures radicales pour éradiquer la violence des Hommes.
Fadila Mehal, Présidente fondatrice des Marianne de la diversité
Jamais la réalité n’aura autant démenti Éric Zemmour.
Lui qui se plait à pourfendre l’Islam, insoluble dans la république et consubstantiel de l’inégalité Hommes-Femmes, se voit contredit tous les jours par l’actualité récente.
Dans un pays arabe et musulman, la Tunisie, le président de la République Kais Saïed vient de nommer Najla Bouden cheffe de gouvernement, une femme.
Au Maroc, pays arabe et musulman par excellence dont le roi est le chef des croyants, trois grandes villes : Rabat (avec Asmaa Rhlalou, à droite sur la photo), Casablanca et Marrakech sont désormais dirigées par des femmes.
Visiblement cela n’a créé aucun trouble ni chez les musulmans tunisiens ni chez les marocains.
Oui, monsieur Zemmour, il est possible que des musulmans, riches d’un Islam éclairé, décident de confier les rênes de leur ville ou de leur pays à des femmes, reconnues non pas pour leur genre mais par leurs compétences.
Cela s’appelle la laicité et notre pays, la France, en a fait un trésor national.